Suzanne Cloutier est née et a grandi en Estrie. Elle a un baccalauréat en enseignement des arts plastiques et une maîtrise en art-thérapie. Depuis le début de ses études à l’UQAM, elle a toujours maintenu une pratique artistique active. En 1993, elle se joint au groupe de sculpteurs du défunt atelier Sculpt subventionné par le ministère de la Culture. Elle y produit et y enseigne et quand, en 1999, cet atelier ferme ses portes faute de subventions elle rachète avec Jacques Corbeil la base des outils nécessaires à leurs pratiques afin de maintenir la mission de l’atelier, celle de transmettre la pratique de sculpture sur pierre. Ils fondent l’actuel « Atelier Skülpt 303 ». Cet atelier est non subventionné et géré par ces deux artistes. On y offre des cours ainsi que des espaces de travail à d’autres sculpteurs depuis 20 ans. Elle a exposé dans maintes galeries et Maisons de la Culture de Montréal. Elle a participé à des symposiums de sculpture, notamment le « Lap-ideo » en Sicile qu’elle a co-initié. Ses œuvres font partie de plusieurs collections privées et publiques. Elle est membre professionnel du RAAV depuis 1998, du Conseil de la Sculpture du Québec, de l’Association des sculpteurs de la Montérégie, de l’Association des arts-thérapeutes du Québec, et de l’Ordre des psychologues du Québec en tant que psychothérapeute.

Suzanne Cloutier s’intéresse à la pierre comme matériau d’expression tant pour sa force brute, pour sa beauté esthétique que ses possibilités infinies de traitement. Dans sa matière s’inscrivent le temps et la phylogénèse. Par son travail de taille directe elle y scrute ses mémoires et nos rêves communs. Actuellement, sa réflexion se porte sur les archétypes animaliers rencontrés dans la représentation humaine par différentes cultures à diverses époques. Elle réfère aussi à l’imaginaire de son enfance où la faune et la flore composaient son univers d’exploration quotidienne. Quand son regard et ses mains se portent sur la pierre, cela donne d’abord lieu à l’émergence d’une série d’images d’archétypes animaliers qui se mêlent à la représentation humaine. Entre les deux il y a des hybridations donnant naissance à une mixité symbolique. À travers ces êtres métamorphosés elle convie le spectateur à se reconnaître dans la dualité de sa nature. L’homme appréhende son animal intérieur. D’infinis arrangements sont ainsi créés, synthétisant des tempéraments et des comportements légendaires et, à l’instar de Jung, elle invite à observer « l’Ombre des dieux et frère de l’homme » et à découvrir les pistes de l’inconscient collectif. Cloutier crée dans la pierre car ce matériau résonne au plus profond d’elle-même. Par sa matière même, la pierre permet de raconter l’histoire universelle qu’elle porte, soit celle de l’humain dans sa connexion aux autres êtres vivants, dans leur animalité et leur spiritualité. Par leurs représentations dans la pierre, son intention est de partager la conscience de cette interrelation.