Biographie
Native de Maniwaki en Outaouais, Marie-Aube Laniel est formée en histoire et est spécialiste du développement culturel. Artiste multidisciplinaire, elle entreprend sa carrière en illustration, contes et danse. Puis, elle prend un nouveau tournant en sculpture de matière entièrement biodégradable. Elle se forme ainsi auprès de maîtres vanniers québécois et français et réinvente ces techniques traditionnelles pour les incorporer à ses sculptures. Elle participe à de nombreux festivals de Land art un peu partout au Québec. Elle développe ses propres recherches sculpturales de Land art lors de résidences d'artistes et présente les résultats avec plusieurs expositions solos. En plus de parcourir le Québec pour la cueillette des plantes indigènes nécessaires à ses installations, elle cultive 19 variétés d’osier.
Démarche artistique
Marie-Aube Laniel est une artiste multidisciplinaire qui critique l'American way of life. Depuis son avènement dans les années 50, le bonheur a pris le visage de la société de consommation et du bien-être matériel. Cependant, plus de sept décennies plus tard, les courbes ascendantes de l’anxiété, du stress et des addictions démontrent que, malgré les promesses de bonheur de l’esthétisation et de la marchandisation effrénée du monde, l’hypertrophie du consumérisme ne rend pas plus heureux et l’exploitation matérielle de la planète a atteint son seuil critique. Constats funestes auxquels s’ajoute le recul des droits de la femme. Par son art, l’artiste communique l'impératif de réfléchir à des stratégies de limitation/réorientation de la croissance industrielle et de la consommation des biens manufacturés pour ainsi sortir du stéréotype du bonheur basé sur des besoins artificiels et briser le cercle de la liberté factice. Elle croit fermement qu'il est temps de mettre un terme à ces conceptions unidimensionnelles qui multiplient insécurité, inégalités et désengagement social, véritables rouages de la sixième extinction massive. Pour partager cette réflexion à la croisée de la théorie économique, de l'histoire et de l'anthropologie, Marie-Aube Laniel privilégie divers médiums naturels (cheveux de femme, graphite et végétaux) qui rendent possible une représentation du monde à travers ses nuances et ses textures. Elle confronte le patriarcat en mettant en valeur le «matrimoine» lié aux arts domestiques traditionnels trop souvent sous-valorisés et en rendant hommage aux femmes trop longtemps invisibilisées. Par cette utilisation contemporaine des métiers artisanaux, elle souhaite aussi que l’humain s’identifie à ce qu’il crée, plutôt qu’à ce qu’il achète. Elle s’inspire ici d’Arthur Lochman et de ses écrits sur «l’éthique du faire» qui opposent la solidité des métiers artisanaux à la dématérialisation et à la fluidité contemporaine.