Biographie
Arrivé au Québec à cinq ans de Tunisie où il est né en 1953, Marc Vaïs a eu une jeunesse marquée surtout par un besoin viscéral de toujours fabriquer quelque chose : bibelots, meubles, peintures, outils, jeux et jouets.
À l’âge adulte, il a gagné sa croûte en tant que menuisier, ébéniste et homme-à-tout-faire autodidacte. Parallèlement, il a toujours pratiqué une ou plusieurs activités artistiques : dessin, peinture, sculpture, conception et fabrication de vitraux, bijoux, meubles, céramiques, etc. Il ne voit presque pas de différence entre son travail de gagne-pain et ses créations artistiques. Les deux exigent une créativité aiguisée, une réflexion intense et de l’énergie corporelle.
La sculpture, présente dans son travail depuis une cinquantaine d’années, est devenue depuis 2010 son médium presque exclusif. Les expositions solo ou de groupe se sont succédé et il poursuit ses explorations sculpturales. La recherche artistique est une activité hautement individualiste : on cherche l’expression de quelque chose qui n’arrête jamais de nous questionner, de nous fasciner. Et si on cherche, c’est en premier lieu pour étancher sa propre soif d’émerveillement ; que d’autres approuvent ou apprécient ou non, est vraiment secondaire.
Arrivé à un âge qui ne finit plus d’avancer, Vaïs réalise maintenant que la créativité ne peut pas se limiter à un seul domaine. Faire la cuisine, jardiner, parler à ses chats, tout est propice à se réinventer. Un vrai créateur ne peut jamais se reposer ; il n’en a pas besoin, car la création ne vient pas au monde par l’effort mais par le plaisir…
Démarche artistique
En notre époque de surconsommation honteuse, où les ressources de la Terre sont pillées aveuglément par des êtres humains cupides et insatiables, Marc Vaïs ne conçoit plus de travailler avec autre chose que des matériaux recyclés. Autant que faire se peut, il utilise bois, métal, pierre ou objets trouvés, ramassés les trois quarts du temps dans les rues près de chez lui, ou au bord du fleuve, en vacances. Les objets trouvés, en particulier, stimulent grandement sa créativité. Fruit d’une réflexion et d’un travail créateur, l’objet utilitaire qui ne sert plus à rien est déposé dans la rue, en route vers le cimetière. Là, fruit du hasard, l’artiste l’adopte. À partir de lui, il façonne un univers visuel qui l’étonne lui-même, qu’il n’aurait jamais pensé fabriquer de son propre chef. L’objet trouvé, par cette renaissance, ouvre ainsi une fenêtre dans notre imaginaire, et permet parfois de se trouver soi-même…
Depuis longtemps Vaïs n’adhère plus au concept de « matériaux nobles ». Au-delà de la matière utilisée, l’intérêt d’une sculpture vient plutôt de l’acte créateur lui-même, et c’est devenu comme une seconde nature chez lui : prendre n’importe quoi, aussi banal et insignifiant que ce soit, et en faire quelque chose de pétillant, lumineux et vivant.
Son atelier est plein de matériaux nobles c’est-à-dire de matériaux que la Terre a bien voulu nous fournir gracieusement avec une générosité infinie. Son acte créateur est un hommage et une déclaration d’amour à cette planète miraculeuse et fragile.